La tête en friche 

La tête en friche 

Une rencontre lumineuse au cœur de l’humanité.

Au croisement du fragile et du tendre, « La Tête en friche », adaptation du roman de Marie-Sabine Roger, s’impose comme un bijou de délicatesse et d’humanité, porté par deux comédiens d’une justesse bouleversante. Sur une scène dépouillée, dans un parc imaginaire mais ô combien familier, un homme un peu fruste et une femme âgée passionnée de littérature vont tisser, à travers des rendez-vous matinaux anodins, une relation profondément transformante.

Tout commence par un rituel étrange et touchant : compter les pigeons. Une habitude banale qui devient le terreau d’une amitié inattendue. Elle, lectrice passionnée, lui propose de lire à haute voix. Il accepte, presque par politesse. Mais très vite, ce qui aurait pu n’être qu’une distraction devient un apprentissage de la vie par les mots. Peu à peu, derrière l’épaisse carapace de cet homme simple, le public découvre une sensibilité à fleur de peau, une curiosité sincère, une soif de comprendre ce monde qu’on ne lui a jamais vraiment donné les moyens de saisir.

Le texte est ciselé avec intelligence, mêlant humour tendre, émotion retenue et poésie du quotidien. Il rend un hommage vibrant à la puissance du lien humain et à la transmission par la culture. Cette pièce évite les clichés du « beau parleur » sauvant le « sans voix » ; ici, les deux personnages s’apportent autant l’un à l’autre, chacun apprenant à voir le monde avec les yeux de l’autre.

Les comédiens sont remarquables de sincérité. Lui, rustre mais jamais caricatural, laisse entrevoir ses fêlures avec pudeur. Elle, toute en finesse et malice, irradie d’un amour des mots communicatif. À eux deux, ils créent une alchimie rare, une complicité qui grandit sous nos yeux, avec pour seul décor un banc, quelques livres, et l’immensité d’une relation naissante.

Il est impossible de ne pas penser, en sortant de la salle, aux mots de Renaud dans Mistral gagnant :
« À m’asseoir sur un banc, cinq minutes avec toi… »
Car c’est bien de cela qu’il s’agit : prendre le temps, écouter, regarder, s’apprivoiser, et s’ouvrir à l’autre. La pièce nous rappelle que la culture n’est pas un privilège, mais un lien, un cadeau que l’on peut offrir, partager, transmettre.

« La Tête en friche » est une ode au pouvoir de la lecture, à la beauté des rencontres improbables, et à la dignité des gens simples. Une pièce tendre, pleine de grâce et de lumière. À voir absolument, pour sortir un peu plus humain qu’on ne l’était en entrant.

🎭 Un pur moment de théâtre, doux comme une main posée sur l’épaule.
💫 Coup de cœur humaniste du festival.

Maxime (correspondant culturel Le Bruit du Off et Baz’Art)


Théâtre des corps saints – 13h25

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