Veronica Electronica : le projet fantôme qui aurait peut-être dû le rester
À la fin des années 90, alors que Ray of Light marquait un tournant spirituel et sonore dans la carrière de Madonna, un projet parallèle voyait le jour dans l’ombre : Veronica Electronica. Pensé comme un prolongement plus radical de l’esthétique electronica de l’album, ce recueil de remixes réunissait certains des producteurs les plus en vue de l’époque. Sur le papier, l’idée avait tout pour séduire. Mais il aura fallu attendre plus de vingt-cinq ans pour que cette initiative, entourée d’un certain mystère, soit enfin dévoilée officiellement.
Sorti en 2025 sous forme d’un coffret de huit titres, Veronica Electronica laisse un goût amer. Non pas qu’il soit foncièrement mauvais, mais après des décennies de rumeurs et d’attente, le résultat paraît étonnamment mince. Sept remixes, une seule démo inédite (Gone Gone Gone), et une impression persistante de rendez-vous manqué. Beaucoup de morceaux circulaient déjà sur Internet depuis des années – et leur officialisation n’apporte finalement que peu de valeur ajoutée.
Côté production, la qualité est au rendez-vous, certes, mais l’ensemble manque de souffle. BT et Sasha livrent une version solide mais attendue de Drowned World/Substitute for Love, tandis que leur relecture de Ray of Light accentue la dimension club sans véritablement la réinventer. Peter Rauhofer et Victor Calderone font le travail, mais leurs remixes de Skin, Nothing Really Matters et Sky Fits Heaven sonnent aujourd’hui datés, voire génériques. Seule la relecture tribale et cinématographique de Frozen par William Orbit, et les accents drum’n’bass inquiétants ajoutés à The Power of Good-Bye par Fabien Waltmann, apportent un peu de relief.
Quant à Gone Gone Gone, la seule nouveauté réelle du lot, elle s’écoute avec plaisir, mais n’a ni l’impact émotionnel ni la fraîcheur qu’on aurait pu espérer d’un titre resté dans les tiroirs depuis plus de deux décennies.
Au final, Veronica Electronica ressemble davantage à un artefact de collection qu’à une redécouverte essentielle. Les fans les plus fidèles apprécieront peut-être cette plongée nostalgique dans l’univers de Ray of Light, mais pour les autres, cette sortie tardive – malgré toute la promesse qu’elle portait – tient davantage de la curiosité que de la révélation.