Je vais vous cartonner” : noir c’est noir, mais pour quoi faire ?
Avec “Je vais vous cartonner”, Antoine Peyron signe un spectacle d’humour noir qui assume de marcher sur des braises : handicap, obésité, suicide… rien n’est épargné. Le pari est risqué — et on le sait — ce type de démarche repose sur un équilibre précaire entre provocation intelligente et simple goût du malaise. Et ici, le fil semble parfois bien trop mince.
Certes, Antoine Peyron n’a pas peur de mettre les pieds dans le plat, voire de sauter à pieds joints dans les sujets les plus sensibles. Mais à force de vouloir déranger, on se demande : pour dire quoi ? Le spectacle aligne les punchlines glauques sans toujours leur donner de véritable direction. Ce qui pourrait être un terrain pour la réflexion, ou même une satire audacieuse, reste souvent au stade du sarcasme cru, comme si l’outrance suffisait à faire sens.
Le malaise est d’autant plus accentué par un running gag poussif : Antoine Peyron entre sur scène plusieurs fois, mimant une arrivée grandiose qu’il juge à chaque fois « pas assez applaudie ». Une boucle répétée (au moins cinq fois) qui finit par lasser plus qu’elle ne fait rire. Est-ce un gag ou une crainte mal déguisée de ne pas obtenir l’adhésion du public ? Difficile à dire, mais l’effet comique s’épuise vite.
En résumé, “Je vais vous cartonner” est un spectacle qui clive. Ceux qui apprécient un humour grinçant, sans filtre, y trouveront peut-être un frisson provocateur. Mais ceux qui espèrent un propos au-delà de la simple transgression resteront sur leur faim. Car sans profondeur, la noirceur tourne à vide.
Maxime (correspondant culturel Le Bruit du Off et Baz’Art)