Un anniversaire explosif, une comédie aigre-douce qui fait mouche !
Dans Chocolat Piment, tout commence par une bonne intention : deux sœurs organisent une fête surprise pour l’anniversaire de leur père. Un gâteau au chocolat et piment à la main, elles débarquent chez lui, accompagnées – pour l’une d’elles – d’un mari dont on se serait bien passé. Car très vite, le gâteau n’est pas le seul élément piquant de la soirée…
Sous ses airs de comédie familiale, Chocolat Piment est une pièce au vitriol, où les rancunes mijotent à feu doux avant d’exploser en pleine figure. Le père, grincheux notoire qui déteste les anniversaires, n’est pas au bout de ses surprises. Et les spectateurs non plus.
Au cœur de la tension : un gendre insupportable, archétype du carriériste égocentrique, grossier, radin, et sans le moindre respect pour sa femme – ni pour sa belle-famille. Le personnage, savamment écrit et interprété avec une dose parfaite d’arrogance comique, déclenche rires… et crispations.
Mais la force de la pièce ne réside pas seulement dans les dialogues ciselés ou le comique de situation : elle tient surtout dans sa capacité à faire émerger, derrière les éclats de voix et les faux-semblants, les douleurs d’une famille ordinaire. Au fil de la soirée, les non-dits se fissurent, les souvenirs remontent à la surface, et chacun se retrouve confronté à ses blessures, à ses choix, à ses lâchetés.
La mise en scène, vive et rythmée, ne laisse aucun temps mort. Tous les comédiens sont excellents et incarnent leurs personnages avec justesse et énergie. Une mention spéciale à Jean-David Stepler, formidable dans le rôle du père bougon : son jeu tout en retenue et en tension donne une profondeur inattendue à ce personnage rugueux, mais profondément humain.
On notera également Lydia Cherton, remarquable dans son rôle, qui démontre toute l’étendue de son talent. On la retrouve également dans La Force du Coquelicot, une autre pièce qu’elle a écrite et qui se joue également au Festival. Dans un registre radicalement différent, elle y dévoile un texte magnifique, profondément émouvant, porté par une sensibilité rare. Une œuvre intime, lumineuse, qu’il serait dommage de manquer.
Chocolat Piment, c’est un peu comme un repas de famille qui tourne au vinaigre : explosif, dérangeant, mais terriblement vivant. Une pièce savoureuse, qui mêle humour acide et émotion brute, et qui prouve, une fois encore, que les histoires de famille sont les plus universelles – et les plus théâtrales.
À déguster sans modération… même si ça pique un peu.
Maxime (correspondant culturel Le Bruit du Off et Baz’Art)
CABESTAN (THÉÂTRE LE) – 12h45
Du 5 au 26 juillet, relâche les 8, 15, 22 juillet
Autrice : Christine Reverho
Mise en scène : David Teysseyre