Un humour noir qui pique, qui bouscule, et qui rassemble.
Comment commencer cette critique sans tomber dans le piège de la catégorisation ? Faut-il parler “d’humour noir au féminin” ? Comme si l’humour avait un genre, une saveur genrée, une façon d’exister différente selon qui le manie. Non, oublions cela. Sarah Anna casse ces codes-là d’entrée de jeu.
Ancienne infirmière, elle connaît les corps, les douleurs, les tabous – et elle les tord avec une précision chirurgicale pour en extraire un rire grinçant, parfois dérangeant, mais toujours salvateur. Sur scène, elle enchaîne avec une aisance bluffante des punchlines sur les hommes trop insistants, l’écologie militante, les nouvelles mamans débordées… Rien n’est épargné. Et surtout pas les idées toutes faites.
Avec son visage angélique et son sourire espiègle, Sarah Anna balance des vérités acides et des horreurs délicieuses, comme on lance un bonbon pimenté à un public pris de court. On rit. Parfois jaune. Souvent fort. Et l’on pense. Car c’est là toute la force de “Salé” : faire rire tout en allumant des feux de réflexion.
Son humour noir n’est pas gratuit : c’est une arme, un miroir, un révélateur. Elle s’en sert pour scruter les absurdités sociales, pour désosser les stéréotypes, pour bousculer les certitudes. Le spectacle va au-delà du simple divertissement. Il convoque ce qui, en nous, résiste encore au changement, à la tolérance, à l’autodérision.
Et ce qui frappe, au final, c’est sa capacité à réunir. Sarah Anna parvient à dépasser les clivages idéologiques, à désamorcer les crispations politiques, pour créer un moment commun. Le rire devient alors un acte de communion. Une respiration collective dans un monde souvent trop tendu.
“Salé” est une ode à l’acceptation de nos contradictions. Une pépite pour les amateurs d’humour noir, intelligent et profondément humain.
Maxime (correspondant culturel Le Bruit du Off & Baz’Art)