Rêves fanés et vertiges d’adolescence.
Wasted, c’est le cri sourd d’une génération désenchantée. Sur scène, trois amis d’enfance se retrouvent après des années de silence, convoqués par la mort soudaine d’un quatrième membre du groupe. Autrefois inséparables, ils sont désormais des adultes cabossés, qui portent en eux le poids des rêves abandonnés en route.
Le texte, brut et sensible à la fois, explore la désillusion, l’amitié, le deuil et la quête d’un sens dans une vie ordinaire. En recréant une soirée « comme avant », dans un tourbillon de drogues, d’alcool et de souvenirs, les personnages tentent de raviver l’euphorie perdue de leur jeunesse, mais aussi de fuir la vérité : ils ont grandi sans devenir ceux qu’ils rêvaient d’être.
La mise en scène est nerveuse, parfois explosive, portée par une interprétation intense et sincère des trois comédiens, qui donnent chair à ces adultes en errance, coincés entre nostalgie et renoncement. Les moments de fête alternent habilement avec des instants de silence plus lourds, où les regards disent ce que les mots ne peuvent plus formuler.
Si la pièce ne révolutionne pas le genre du théâtre générationnel, elle parvient à capter avec justesse cette sensation universelle de gâchis et d’urgence, ce moment flou où l’on comprend qu’on ne sera sans doute jamais l’adulte qu’on avait imaginé devenir. Le langage est cru, direct, parfois poétique, et résonne fort auprès de tous ceux qui ont un jour regardé en arrière avec le vertige de l’inaccompli.
Wasted n’est pas seulement une pièce sur la perte d’un ami — c’est une pièce sur la perte de soi-même, de ses idéaux, et sur la possibilité, peut-être, de se reconstruire autrement. Une claque douce-amère, entre rires nerveux, larmes étouffées et lucidité brutale.
🎭 Un miroir générationnel, imparfait mais percutant.
💥 Une soirée de théâtre comme une gueule de bois émotionnelle — et c’est bien.
Maxime (correspondant culturel Le Bruit du Off et Baz’Art)
Le 11 – 15h05
