Le voyage de Paula S. » : un chef-d’œuvre suspendu entre ciel et terre
S’il ne fallait voir qu’une seule pièce cette saison, ce serait celle-ci.
« Le voyage de Paula S. », signé Marc Citti, est une ode bouleversante à l’amour filial, à la mémoire et à la transmission. Un texte d’une rare intensité, porté par deux comédiens habités, qui réussit le prodige de faire rire les larmes aux yeux.
Tout commence par un coup de téléphone : un fils apprend le décès de sa mère. À l’hôpital, pourtant, elle se tient là, radieuse, presque rajeunie. Et elle lui parle. Elle lui demande de l’aider à fuir — non pas la mort, mais ce qu’elle représente : la séparation, l’oubli, la fin. Ensemble, ils s’échappent pour un ultime périple, entre souvenirs d’enfance et échappées burlesques, où la réalité vacille et le rêve prend les commandes.
Mais est-ce elle qui refuse de partir, ou lui qui refuse de la laisser s’en aller ?
Cette question plane, comme une brume douce et persistante, sur toute la pièce. À mesure que le duo traverse les paysages de leur histoire commune, c’est toute la complexité du deuil qui se dévoile — entre humour tendre, non-dits réparés, silences partagés et aveux tardifs.
La mise en scène, sobre et lumineuse, laisse toute la place à l’émotion.
Les comédiens sont bouleversants : elle, libre et drôle jusque dans l’au-delà, lui, enfant éternel en quête de réconciliation. Leur complicité est palpable, leur sincérité désarmante. On ne joue plus ici, on vit. On touche du doigt l’universel.
« Le voyage de Paula S. » n’est pas un simple spectacle. C’est une traversée.
Un moment suspendu entre les vivants et les morts, entre ce qu’on n’a pas su dire et ce qu’on ose enfin murmurer. C’est une pièce qui nous réconcilie avec les adieux. Une pièce qui nous dit que l’amour ne meurt jamais.
💬 Un bijou théâtral, fragile et incandescent.
À voir absolument. À vivre intensément.
Théâtre des Béliers – 11h50
Du 5 au 26 juillet. Relâche les 8, 15, 22 juillet
Auteur : Marc Citti
Mise en scène : Stéphane Cottin
Compagnie des Béliers