Inspiré d’un verset du Deutéronome, le titre de cette pièce porte en lui toute la promesse d’un choix fondamental : celui de la vie, de l’élan, du souffle. Et c’est bien ce que tente d’explorer ce texte issu d’une conférence de Christiane Singer donnée en 2004 à l’université de Vienne.
La matière est dense, exigeante, profondément stimulante. Singer, en philosophe-poétesse, tisse une réflexion vertigineuse sur ce que signifie « être vivant ». Les références abondent – de Rilke à Simone Weil – et l’on se sent parfois au bord du vertige, suspendu entre la lumière de la pensée et l’abîme des grandes questions existentielles.
Mais si le fond captive, la forme laisse à désirer. La mise en voix du texte, trop monocorde, peine à faire vibrer la parole incandescente de l’auteure. L’éclairage tamisé, sans réelle évolution, plonge la scène dans une langueur qui finit par endormir l’écoute plus qu’elle ne la sollicite. On se surprend à décrocher, à glisser, là où l’on aurait espéré être saisi.
Quelques interludes musicaux bienvenus relancent l’attention, sans pour autant réussir à installer un rythme durable. On ne peut s’empêcher d’imaginer ce qu’un acteur habité — un Fabrice Luchini, par exemple — aurait pu faire de ce texte. Il y manque ce grain de folie, ce souffle incarné qui aurait pu faire jaillir la parole, au lieu de simplement la lire.
En somme, une conférence brillante… mais une performance théâtrale en demi-teinte. À recommander à celles et ceux qui cherchent à nourrir leur pensée — mais pas à ceux qui cherchent à vibrer d’émotion.
🟡 À méditer, plutôt qu’à ressentir.
Théâtre Essaion – 15h05
